20 mai 2022

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Epreuves de spécialité : la catastrophe du bac Blanquer

Epreuves de spécialité : la catastrophe du bac Blanquer

Les épreuves d’enseignement de spécialité se sont déroulées pour la première fois les 11 et 12 mai.
Elles ont été marquées par de nombreux dysfonctionnements de tous ordres et des ruptures d’équité flagrantes.

Problèmes matériels d’organisation

Tout relevant de l’organisation interne des établissements cela a déclenché des difficultés dans de nombreux lycées.


Situation des élèves bénéficiant de tiers-temps
Dans certains établissements, ces élèves ont commencé à composer avant les autres pour ne pas terminer l’épreuve après 19h. Cette disposition suppose que les sujets sont ouverts avant le début officiel de l’épreuve. Les risques de fuite potentiels existent bel et bien.


Organisation des surveillances et du retour des copies
Les enseignant.e.s n’ont pas toujours reçu de convocations ou des convocations sans horaires ; l’information n’a pas toujours été bien diffusée par l’administration ce qui a pu donner lieu à des absences qui ont dû être palliées au pied levé. De façon générale, le nombre de surveillant.e.s n’était pas toujours suffisant dans les salles d’examen.
Dans les petits établissements, les élèves n’étaient pas regroupé.e.s par spécialité et la distribution de tous les sujets était parfois complexe et confuse.
Les tables n’étaient pas toujours étiquetées, disposition qui, d’ordinaire, simplifie le placement des élèves et la vérification de leur identité et des convocations.
La nécessité de mettre les calculatrices en mode examen avant le début de l’épreuve de maths et de sciences physiques a également entraîné de la confusion car tous les élèves n’avaient pas compris la consigne. Les surveillant.e.s n’avaient pas reçu de marche à suivre officielle et ne maîtrisaient pas les manipulations à effectuer.
Contrairement aux sessions précédentes du baccalauréat, le secrétariat d’examen n’était pas généralisé ce qui a entraîné des difficultés au moment du retour des copies. Ce moment était complexe du fait de la multiplicité des épreuves simultanées et aurait nécessité une organisation solide, d’autant plus que le scan des copies devait se faire dans la foulée.


Du côté des élèves
La note de service du 16 mars 2022 précisait que les élèves de terminale devaient être libéré.e.s de cours les 9 et 10 mai ou être pris en charge pour des révisions en spécialité. Ces consignes n’ont pas été respectées par tous les lycées. Certains ont maintenu les cours de tronc commun, d’autres avaient positionné les épreuves certificatives d’EPS sur ces journées.
Les épreuves positionnées le mercredi après-midi ont posé à bien des endroits le problème du transport scolaire, ajoutant du stress dans cette période.
Les élèves avaient reçu leurs convocations numériques et il est arrivé que certain.e.s se présentent à l’épreuve sans en avoir fait l’impression, ce qui a dû être effectué dans l’urgence.

Les sujets

Sujets J1 et J2
L’existence de deux sujets par discipline a souvent été source d’inégalités de l’avis unanime des collègues, notamment en SI, maths, SPC, HGGSP, NSI et HLP. A noter des erreurs dans les sujets de maths et HLP qui confinent à l’amateurisme. Sans parler d’un des sujets d’espagnol (LLCE) qui était un sujet de remplacement de l’année dernière disponible sur eduscol et souvent traité durant l’année.
Concernant les épreuves de LVER l’usage d’un dictionnaire unilingue était autorisé. Certains élèves avaient apporté le leur. Des lycées en avaient parfois mis à disposition mais pas en nombre suffisant, d’autres n’avaient pas anticipé.
Tout cela n’est pas gage d’équité pour un diplôme national


Aménagements session 2022
Pour cette session, de nombreux sujets comportaient des exercices au choix. Les consignes des IPR en commission d’entente ont été de corriger tous les exercices effectués par les élèves et de conserver les meilleures notes, même en NSI, discipline dans laquelle le sujet était initialement conçu ainsi. Cette disposition est inéquitable car elle risque de pénaliser les élèves ayant suivi les consignes.

Correction

Santorin
La DEC nous avait informés en audience au mois de mars qu’une formation serait dispensée dans les lycées. Celle-ci n’a visiblement pas eu lieu, charge à chacun.e de bricoler pour prendre en main l’outil, remettre les copies dans le bon ordre, les trier par sujet dans certaines disciplines.
Le partage de correction en HLP pose des problèmes : impossibilité de corriger simultanément la même copie, modification des appréciations du binôme et verrouillage du lot par l’un.e des deux sont possibles.


Demi-journées de décharge pour correction
Les 4 demi-journées obtenues représentent une victoire syndicale mais mettent les personnels face à des contradiction professionnelles à cette période de l’année. Elles peuvent être accordées jusqu’au 3 juin. Elles sont le signe que l’administration reconnaît la lourdeur du travail de correction et à ce titre, elles doivent être utilisées.
Dans certains lycées, la direction les a accordées au prorata du nombre de copies estimé. Rien ne le justifie. Des pressions dissuasives sont parfois exercées pour imposer un nombre réduit de demi-journées ou leur choix.

Le bac Blanquer suscite donc de grandes inquiétudes. Le constat de la démobilisation des élèves après les épreuves de spécialité est généralisé et questionne sur les risques que comporteraient des épreuves au mois de mars telles qu’elles sont prévues à la fois en terme d’achèvement des programmes et de maintien des élèves dans les apprentissages. Il est aujourd’hui évident que la « reconquête du mois de juin » est un mythe. Les enseignements ont été lourdement perturbés et les élèves sont démobilisé.e.s alors que des épreuves restent à venir.

Cette réforme du bac nuit gravement à la crédibilité du diplôme. Notre revendication d’un retour à des épreuves nationales terminales et anonymes au mois de juin est plus que jamais d’actualité.

Contact, témoignages : lycees@bordeaux.snes.edu