Le Rapport Social Unique, inscrit dans la loi de transformation de la fonction publique de 2019 comme une obligation, a enfin été communiqué pour la première fois dans notre académie. Il se fonde sur les données de l’année scolaire 2022-2023.
L’article qui suit exploite les données actuellement disponibles pour faire le point sur des inégalités persistantes.
Le suivi, année après année, permettra à la section académique du SNES-FSU de mesurer les évolutions et de continuer à intervenir auprès de l’administration pour faire bouger les lignes et gagner l’égalité.
Des métiers ultra féminisés
L’axe 2 du plan national pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes prévoit d’« agir pour une plus grande mixité des métiers ». La répartition des femmes et des hommes par catégorie dans notre académie montre que beaucoup reste à faire et que les stéréotypes doivent être combattus. La mixité des métiers, ce n’est pas seulement permettre aux femmes d’accéder à des postes d’encadrement dans l’Education Nationale !

Les femmes représentent la quasi-totalité des AESH, métier dédié à l’accompagnement. L’exercice de celui-ci suppose des temps partiels subis systématiques. 98% des AESH sont à temps partiel avec une rémunération qui permet de survivre plus que de vivre. Il y a urgence à reconnaître cette profession par un statut de fonctionnaire de catégorie B et à la rémunérer sur la base d’un temps plein pour 24h de service.
Les femmes sont également sur-représentées chez les PsyEN (avec une proportion qui correspond globalement à la part des femmes chez les psychologues exerçant hors du cadre de l’Education Nationale). C’est aussi le cas pour les CPE, métier qui s’est féminisé au fil des années du fait d’un changement de son contenu, notamment l’insistance sur sa mission de socialisation des élèves (« Le care éducatif : principe actif des choix professionnels et des pratiques de travail sexués », Sophie Devineau et Aurélia Confais, in Cahiers du CERFEE, n°45, 2017)
Pour ce qui concerne les personnels enseignants, plus la rémunération est importante, plus la proportion des femmes est faible. Si le corps des chaires supérieures est contingenté et particulièrement restreint, la faible représentativité des femmes peut avoir plusieurs origines qui ne s’excluent pas : les femmes enseigneraient moins en CPGE que les hommes (ce qui, en soi, doit questionner) ; elles se censureraient davantage et ne candidateraient pas ; elles seraient moins choisies. Les places dans ce corps se libérant avec les départs en retraite, l’évolution attendue est celle d’une augmentation de la part des femmes, dans une perspective d’égalité.
Gagner l’égalité dans les carrières
Les deux graphiques ci-dessous, issus du Rapport Social Unique académique révèlent les retards de carrière des femmes et le chemin qu’il reste à faire pour des promotions mettant en œuvre l’égalité professionnelle. Chez les agrégé


Temps partiels : ce sont majoritairement les femmes qui réduisent leur rémunération

Enseignant
es du second degré titulaires
Pourcentage des femmes et des hommes parmi les agent
es enseignant es du second degré titulaires à temps partielSi le pourcentage global des enseignant
es titulaires à temps partiel est relativement faible (7,6%), ce sont davantage les femmes qui sont concernées puisqu’elles sont 10% à exercer à temps partiel contre un peu moins de 4% des hommes. Leur part dans les agent es à temps partiel est écrasante : 80,5%. Ces données révèlent la prégnance des stéréotypes sociaux : ce sont majoritairement les femmes qui réduisent leur rémunération pour concilier au mieux leur exercice professionnel et la vie familiale. En dehors du temps partiel de droit, décompté comme une période travaillée à temps plein pour le calcul de la pension, travailler à temps partiel impacte aussi les pensions de retraite si l’on n’a pas recours à la surcotisation couteuse qui permet d’avoir une année pleine en liquidation (limitée à 4 trimestres).Agir pour la santé des femmes au travail : un nouvel axe du plan national pour l’égalité, enfin !
Les données du RSU de l’académie de Bordeaux font apparaître que les femmes prennent davantage de congé maladie que les hommes et ce, quelle que soit leur catégorie.

Lecture : 47,3% des femmes personnels du second degré ont pris au moins un congé maladie contre 33,7% des hommes.
La dénomination DIEO englobe sans distinction CPE, PsyEN, IEN, IPR et Personnels de direction.
Ces chiffres mettent en évidence la nécessité pour l’employeur de se préoccuper de la santé des femmes au travail dans tous ses aspects : santé gynécologique et réflexion sur le congé menstruel mais également répercussions du travail sur la santé comme des troubles musculo-squelettiques associés aux postures ou au travail sur clavier informatique. La santé mentale ne doit pas être oubliée : burn out, charge mentale liée à l’inégale répartition des tâches dans les autres sphères de la vie, répercussions des VDHAS sont des réalités que l’employeur doit prendre en compte.
Le diagramme ci-dessous met la lumière sur les enseignant

Lecture : 50% des femmes enseignantes exerçant en collège ont pris au moins un congé maladie contre 39% des hommes.