22 octobre 2022

Actualité

Conseil National de la Refondation : notre école, faisons là sans vous !

Le 26 septembre dernier la Rectrice prenait l’initiative de réunir les 4 organisations syndicales représentatives pour un temps d’échanges au sujet des réunions d’automne évoquées dans la circulaire de rentrée ministérielle. Comme celles concernant le PLE l’an passé, nous avions beaucoup de questions, finalement restées sans réponse dans l’attente de l’arrivée d’un guide ministériel paru depuis :
https://eduscol.education.fr/3595/n....

Masquer les enjeux :

La 1re urgence semble de déminer le terrain face à l’indignation légitime suscitée par la mascarade du « Conseil National de la Refondation » auquel la FSU n’a pas souhaité s’associer. Attachée en effet à une véritable refondation de la démocratie sociale, nous estimons que les conditions d’un réel dialogue social ne sont pas réunies, dans le prolongement de l’instrumentalisation des cahiers de doléances en réponse au mouvement des « Gilets Jaunes » ou de la convention citoyenne pour le climat :
communiqué de presse FSU

L’exercice est périlleux tant le président, lui, s’est déjà engagé au niveau national. Ainsi pour la Rectrice, il s’agirait uniquement de « projets locaux sur des considérations locales ». Toutefois ceux-ci pourront en même temps alimenter la réflexion nationale, « un processus commun mais deux procédures différentes »... Tout un art.

Il ne faut pas non plus perdre de vue que, par le biais du projet d’établissement, certaines dispositions ou engagements pris auront vocation à s’imposer, nous dépossédant toujours un peu plus de notre expertise professionnelle.

Un périmètre flou :

Surtout que les thématiques soumises à discussion ne sont pas définies. On peut dès lors s’inquiéter de voir étendre le champ des expérimentations par le biais de cette « concertation » pour saper encore un peu plus nos statuts, nos carrières et nos métiers dans le cadre des annonces présidentielles de rentrée.

Si les thèmes ne semblent pas cadrés, les participant.es potentiel.les à ces concertations ne sont pas plus clarifiés.es. Si le principe du libre choix est rappelé, le "volontariat" reste là encore très mal défini. Une équipe de direction et quelques collègues seraient tout aussi légitimes à formuler des propositions. Concernant des regroupements d’écoles et/ou d’établissements « rien n’est interdit ».

L’administration a par ailleurs très mal anticipé les difficultés que poseraient la présence éventuelle d’élu.es du RN à ces réunions. Le Snes pour sa part, au sein de la FSU, a toujours lutté fermement contre la banalisation des idées d’extrême droite.

Evaluation continue :

Face à la menace de réunionite aigue pour les 111 établissements également soumis à la procédure d’évaluation, la Rectrice indique que toutes les options et combinaisons sont envisageables : en prolongement, à la place, en complémentarité…

Cette volonté d’amalgamer deux procédures d’« évaluation » d’un côté et de « concertation » de l’autre est significative. Les deux dispositifs ne peuvent cependant être complètement associés même s’ils obéissent à la même logique de marchandisation du service public d’éducation. Dans le cadre des concertations, les collectivités locales poursuivent leur entrisme au sein de l’éducation nationale dans le prolongement de la loi 3Ds (différencialisation, décentralisation et déconcentration – ne manque que le « désorganisation » !) qui place sous leur tutelle les personnels gestionnaires.

Calendrier et budget :

L’objectif pour le rectorat est que les concertations démarrent début du mois d’octobre sans limite de temps dans le cadre d’un plan pluriannuel

Une fois enclenchées, ces concertations peuvent ainsi donner lieu à la modification du projet d’établissement et/ou à la demande d’un « fond d’innovation pédagogique » dont l’enveloppe n’est pas non plus définie, tout comme les postes de dépenses éligibles.

Un modèle qui peine à convaincre :

« Autonomie-contractualisation-évaluation », la recette éculée pour mettre à mal le cadre national de l’éducation nationale. Elle peine à convaincre la communauté éducative. A Marseille, seul 12 % du budget a été utilisé par 12 % seulement des écoles concernées par l’expérimentation.

La FSU continuer d’œuvrer pour contrer toute nouvelle offensive contre nos métiers, soit en ignorant cette nouvelle usine à gaz, soit en la détournant pour faire émerger notre conception d’un service public d’éducation ambitieux qui réponde à nos valeurs d’égalité et de justice sociale.