6 janvier 2020

Snes Gironde

Des arguments pour convaincre les collègues de continuer à se battre aux côtés des autres salariés et à demander des conditions de travail décentes :

Ce gouvernement libéral ne veut pas réfléchir aux autres sources de financement possible, nous pouvons lui faire cette modeste suggestion :

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/30/une-annee-exceptionnelle-pour-les-marches-financiers_6024361_3234.html

Le CAC 40 a pris 28 % cette année et dépasse les 6 000 points, un niveau inégalé depuis 12 ans.

Cela va faire plaisir aux plus riches, puisque la partie du revenu annuel soumis au taux de cotisation normal de 28, 12 % sera abaissée de 324 000 euros à 120 000 euros avec cette réforme des retraites.

Au-delà de 120 000 euros, le taux de cotisation de solidarité ne sera plus que de 2,81%.

C’est autant d’argent que les plus riches pourront placer à titre individuel sur les marchés financiers.

Cette réforme qui se veut universelle comportera déjà des régimes spéciaux pour les policiers, pour les militaires, pour les personnels pénitentiaires, pour les pompiers, pour les personnels navigants et les contrôleurs du transport aérien, pour les danseurs de l’Opéra de Paris...

La notion d’universalité suggère de façon mensongère celle d’équité et de justice sociale.

La réforme des retraites ne changera pourtant rien aux inégalités salariales, notamment entre les hommes et les femmes (même dans l’Éducation nationale où les hommes ont les primes les plus importantes) mais fera baisser les pensions de la majorité des retraités.

La simplification et la lisibilité revendiquées par le gouvernement sont des leurres aussi car la réforme plongera tout le monde dans l’incertitude quant à la valeur de sa pension future (substitution d’un système à prestations définies à un système à cotisations définies).

Quant aux enseignants, pour l’instant les grands perdants de cette réforme (mais parmi les plus mobilisés pour ne pas se laisser faire), Macron est resté tout aussi cynique, vis-à-vis de nous, dans ses vœux :

« Nous entamerons la revalorisation et la transformation des carrières des enseignants ».

La réforme de la retraite est donc le prétexte et l’occasion rêvée pour casser notre statut, pour nous faire travailler davantage et pour continuer à nous mettre au pas (article 1 de la Loi Blanquer sur le devoir d’exemplarité et de réserve).

Le programme des réjouissances est déjà annoncé depuis longtemps dans la loi sur la transformation de la fonction publique, dans le programme Action publique 2022, dans les livres programmatiques de Blanquer, dans les rapports de la Cour des comptes et du Sénat, dans ceux des « laboratoires d’idées libéraux (Institut Montaigne, Terra Nova, France Stratégie)…

et dernièrement dans le rapport annuel des inspections générales sur « L’autonomie des établissements » :

https://cache.media.education.gouv.fr/file/2019/25/8/IGEN-IGAENR-Rapport-annuel-2019-Autonomie-etablissements-web_1218258.pdf

On y trouve des recommandations, enrobées de prudence sémantique, sur :

  • P 79-80 : le renforcement du "management pédagogique" du chef d’établissement (son rôle de « pilote pédagogique, sa présence dans les cours...), la mise en place de personnes-ressources sur lesquelles s’appuierait la direction (une hiérarchie intermédiaire de contremaîtres pédagogiques pour diviser davantage les équipes).
  • P 80 : l’augmentation du temps de travail et de présence dans les établissements (réunion régulière des conseils d’enseignement, temps de concertation inscrit dans l’emploi du temps hebdomadaire...).
  • P 80-81 : la remise en cause du statut (« La question du statut des personnels enseignants est ici centrale ») pour nous faire travailler davantage : réunions collectives, remplacements, annualisation du temps de travail.

« Dans un autre établissement, la longueur du temps de présence apparaît comme une possibilité d’améliorer de manière notable les remplacements de courte durée. », « Un autre sujet volontiers évoqué est l’annualisation du temps de travail des enseignants. ».

L’IGAENR évoque à nouveau les 1 607 heures réglementant le temps de service des fonctionnaires feignant de méconnaître le statut particulier des enseignants (article 2 du décret du 20 août 2014).

  • P 82 : l’obligation de mobilité car la stabilité est considérée comme un gage d’immobilisme pédagogique, d’ancrage réactionnaire. Comment créer alors l’ « effet établissement » pourtant tant vanté si les équipes sont sans cesse renouvelées ?

« Enfin, l’instauration d’une obligation de mobilité pour les personnels enseignants est revenue régulièrement dans les entretiens avec les équipes de direction, qui ressentent l’ancienneté, parfois fort longue, des professeurs dans l’établissement comme susceptible de favoriser la résistance au changement, dans un contexte où eux « ne font que passer ».

  • P 83 : l’évaluation et les primes au mérite (IMP augmentées) déterminées par le chef d’établissement sont suggérées. La multiplication des postes à profil et leur recrutement par le chef d’établissement sont fortement recommandées.
  • P 87-88 : la multiplication des évaluations internes et externes pour "responsabiliser" les établissements.

La « performance » induirait le « dialogue de gestion » avec l’IA-Dasen donc une partie des moyens attribués à l’établissement.