14 octobre 2022

Snes Lot-et-Garonne

Déclaration de la FSU 47 au CTSD réuni le 13 octobre 2022

Tout d’abord, nous souhaitons rendre hommage à notre camarade Anne-Laure Tidjditi, précédente
secrétaire départementale du SNES-FSU et qui nous a quittés au mois d’août : très impliquée, elle
était de tous les combats et manifestations, elle siégeait assidûment lors des instances administratives où ses interventions, toujours pertinentes, forçaient le respect de la hiérarchie, ne
laissant rien passer, défendant avec ténacité les valeurs de la FSU.

Nous sommes ici pour dresser un constat sur cette rentrée 2022 , et nous disons haut et fort que cette
rentrée n’est satisfaisante ni pour les professeurs et personnels d’éducation, ni pour les élèves, car
elle s’est faite dans une désorganisation due à l’impréparation et à la pénurie de professeurs. En
effet, nous subissons de plein fouet les conséquences de la politique Blanquer car l’austérité menée
pendant son quinquennat n’a fait qu’amplifier la perte d’attractivité du métier. Force est de constater
que les étudiants ne veulent plus d’un métier qui s’est précarisé avec des conditions de travail
dégradées, puisqu’ils ne candidatent plus en nombre suffisant aux concours de recrutement de
professeurs.

Malgré la crise des recrutements lors des concours de l’an dernier, le ministre Pap Ndiaye a promis
un professeur devant chaque classe dès la rentrée de septembre. La FSU fait le triste constat que le
compte n’y est pas, tant à l’échelle nationale que dans notre département. Pour faire face à cette
pénurie et répondre à la promesse du ministre, l’administration a usé de tous les moyens pour
recruter massivement des contractuels qui ont dû montrer leur motivation en 30 minutes et s’estimer
« formés » en 4 jours, ce qui n’a pas manqué de dégrader encore l’image du métier d’enseignant
dans la population !

Alors que celui-ci nécessite la réussite à des concours parmi les plus difficiles de la fonction
publique, accessibles à bac +5 seulement, comment accepter ce mode de recrutement au rabais ? Le
ministère en a-t-il vraiment mesuré les conséquences sur les futures générations d’élèves ? Car
enseigner ne s’improvise pas, c’est un métier difficile et qui s’apprend !

Pour remédier à cette pénurie de professeurs, la FSU demande à ce que la promesse faite par Jean-
Michel Blanquer et reprise par Gabriel Attal soit tenue : celle d’une revalorisation historique qui
doit permettre aux enseignant.es de France d’être parmi les mieux payé.es d’Europe et cela sans
contreparties.

Actuellement, le compte n’y est pas et les professeur.es ont largement exprimé cette opinion lors de
la mobilisation du 29 septembre. Ils ne veulent pas de rémunération conditionnée à des tâches
supplémentaires : travailler plus pour gagner plus, c’est une politique déjà connue qui n’a abouti
qu’à une dégradation des conditions de travail des professeurs : heures supplémentaires (HSE ou
HSA) IMP, prime Professeur Principal…toutes ces rémunérations impliquent un travail
supplémentaire qui est refusé par de plus en plus de professeur.es, déjà surchargé-es de travail.
Quand le ministère évalue lui-même le temps de travail des professeurs de second degré à 42h
hebdomadaires en moyenne, comment ose-t-il nous proposer de travailler encore plus ? Comment
ose-t-il simultanément allouer près de 2 milliards pour la création du Service National Universel et
prévoir des subventions destinées à financer des partenaires extérieurs (pour le dispositif « Devoirs
faits » entre autres) alors qu’il ne paie pas correctement ses propres personnels ?

Voici maintenant le résumé de nos constats pour notre département

Dans l’enseignement général :
Des classes surchargées, des postes non pourvus, une contractualisation massive des collègues
particulièrement en technologie, des sections UPE2A tellement surchargées que les nouveaux
arrivants se retrouvent en classe ordinaire sans accompagnement linguistique particulier, des AESH
mutualisé.es à outrance (jusqu’à 5 élèves dans une même classe). Cette réalité devient chaque jour
plus insupportable à vivre ! Un état de faits qui pose la question des limites de l’accueil, car celuici
aujourd’hui mène à des situations de « travail empêché » mettant en danger la mission essentielle
de l’école qui est l’enseignement ...

Dans le premier degré :
Une rentrée à l’aveugle, avec un recrutement « en catastrophe » début septembre de quelques listes
complémentaires et contractueles « balancées » à la volée sur des postes vacants dans les écoles.
Voici le constat consternant de ce début d’année scolaire où, une fois de plus, les équipes éducatives
sont mises sous pression : manque d’AESH pour répondre aux notifications MDPH, manque de
remplaçantes pour pallier les premiers congés maladies (puisqu’un grand nombre d’entre eux est
occupé à remplacer les formations « étoilées ») ce qui entraîne une désorganisation certaine dans les
écoles et, pour couronner le tout, des évaluations d’écoles décrétées par le ministère qui imposent
un surcroît de travail inutile et stressant aux enseignant.es.

Dans l’enseignement professionnel :
Le président et la ministre déléguée à l’enseignement et la formation professionnels Carole
Grandjean, en se fixant comme objectifs de rapprocher l’enseignement professionnel du modèle de
l’apprentissage, entament, de fait, une réelle entreprise de démolition des lycées professionnels.
Pour cela, ils ont commencé une véritable campagne de communication calomnieuse à l’encontre
des lycées professionnels et de leurs enseignant.es. Pour faire passer leur future réforme, ils tentent
de faire croire que l’on réussirait mieux en apprentissage et que l’entreprise serait plus formatrice
que le lycée professionnel.

En voulant faire de celui-ci, le terrain de toutes les expérimentations possibles, en développant
l’autonomie donnée aux chefs d’établissement, c’est effectivement le modèle de l’apprentissage qui
est développé. Demain ce qui est à craindre, c’est la disparition d’un cadrage horaire par disciplines
d’enseignement, une adaptation locale des contenus d’enseignement et une gestion des personnels
par les chefs d’établissement avec un recours croissant aux contractuel.les notamment par le retour
des professeur.es associé.es, des professionnel.les intervenant tout ou partie de l’année dans
l’établissement.

L’augmentation du temps de stage est imposée ; une année entière sur les 3 années du cycle BAC
PRO, pour pallier le plus rapidement le manque de main-d’oeuvre dans certains secteurs et dans une
logique d’abaissement du « coût » du travail et de recrutement des salarié.es. Il permettra, au
passage, de faciliter la mise en place du mixage des parcours et des publics pour continuer à
développer l’apprentissage. Cette réforme détériorera la qualité de la formation et limitera les
poursuites d’études dans le supérieur, elle éloignera un bon nombre de jeunes de la qualification.
Elle accentuera le décrochage, augmentant une fois de plus le nombre de jeunes ni en emploi ni en
formation.

Faut-il rappeler que malgré les milliards d’argent public investis sur la formation des jeunes à
travers le plan « un jeune, une solution » la situation des jeunes les plus éloigné.es de la formation
et de l’emploi reste préoccupante ?

La dégradation de notre service public d’éducation s’aggrave donc cette année encore et dans
des proportions de plus en plus alarmantes !
Or nous le savons, quand le service public se
dégrade, les familles qui en ont les moyens mettent leurs enfants dans le privé ! A ce rythme, nous
allons bientôt retrouver en France un système scolaire de ségrégation : un enseignement privé pour
les catégories socio-professionnelles aisées, un enseignement public appauvri pour les catégories
socio-professionnelles pauvres ? Est-ce bien cela que nous voulons pour notre pays ?

Une fois de plus, la FSU demande des moyens supplémentaires pour les personnels de l’éducation
Nationale afin de leur permettre de remplir correctement leurs missions. Sur le long terme, nous
affirmons que seul un plan de revalorisation de l’ensemble des carrières, et pluri-annuel, pourra
permettre de nouveaux recrutements en redonnant de l’attractivité à nos métiers. Il est temps de
redonner du souffle à l’enseignement public au lieu de le raboter toujours plus en faveur du privé !

Nous terminerons par un message de soutien envers notre collègue Kai Terada, qui a subi une
sanction injuste que l’administration attribue explicitement à son engagement syndical. Nous nous
devons de rappeler ici que l’administration n’a aucune légitimité à définir ou à contrôler les formes
de notre engagement syndical ! Cette politique de répression, nous la qualifierons de
« Blanquerienne », car elle illustre malheureusement les conséquences de l’article 1 de l’École dite
« de la confiance », ainsi que nous l’avions prédit ! Au nom de la « confiance » et de la démocratie,
nous demandons au nouveau ministre Pap Ndiaye de se démarquer de son prédécesseur en levant la
sanction de Kai Terada et toutes celles qui auraient également été motivées par une volonté de
répression anti-syndicale.