Suite aux annonces officielles d’un grand nombre de suicides dans l’éducation nationale (plus de 60 depuis septembre 2018) notre ministre, dans sa haute bienveillance réagit :
Avant tout, comme tous les « responsables mais pas coupables » confrontés à ce genre de problèmes il minimise en rappelant que le nombre de suicides d’agents est "très en dessous" de la moyenne nationale puis rebondit dans la même phrase « même si le taux de suicide est toujours trop élevé ».
Ce genre de phrase fait penser au fameux « je dis ça, je dis rien » qui ne devrait jamais sortir du contexte de l’apéro mais bon...
Christine Renon, directrice d’une école maternelle à Pantin (Seine-Saint-Denis). Dans un courrier envoyé deux jours avant son suicide (le 23 septembre) cette femme de 58 ans mettait en cause l’Éducation nationale et ses conditions de travail, elle décrit « son épuisement », la solitude des directeurs, les réformes incessantes et contradictoires, ou encore l’accumulation de tâches chronophages.
Autant de reproches et de critiques qui sont régulièrement criés par la quasi totalité de la profession et ses représentants (même l’UNSA !!!) depuis des années.
En réaction notre clairvoyant ministre déclare :
« C’est évidemment une émotion très grande puisque c’est un drame » … on la sent bien l’émotion dans cette déclaration,non ?
« Les directeurs d’école sont, dans le système scolaire, ceux qui concentrent le plus d’obligations et qui ont (...) besoin d’être aidés »
"Un des sujets de faiblesse, qui vaut pour beaucoup d’institutions (...), c’est que nous manquons de médecins de prévention et de médecins du travail. On va particulièrement porter l’effort là-dessus", développe le ministre.
Toute la puissance de réflexion de nos nouveaux managers est lisible ici :
d’abord ils font un constat impartial, une analyse objective de la situation :
1 / Le climat professionnel :
il y a un grand malaise, peut être même de la souffrance professionnelle (mais soyons prudents dans nos affirmations, il ne faut pas trop s’avancer). Ils se sentent dévalorisés,méprisés par leur ministre et ses représentants dans les rectorats et dsden .
2/ Le ressenti des personnels en EPLE :
les profs crient leur écœurement, leur découragement, leur sentiment de ne pas être entendus. Ils se plaignent de la violence institutionnelle, déplorent le manque de confiance de leur hiérarchie qu’ils trouvent plus prompte à mordre qu’à entendre ou écouter. Ils affichent de plus en plus une réelle défiance face à tout ce qui grouille dans les DSDEN, RECTORAT et autre ESPE. Ils se plaignent d’être mal payés, mal considérés. Les anciens n’encouragent plus les jeunes à passer le concours.
3/ Point de vue des cadres de l’administration :
Droit dans nos bottes ! Nous nous cooptons et faisons toute notre carrière dans l’évitement du terrain et des élèves donc l’institution est irréprochable et ses cadres sont très compétents. Nous faisons beaucoup de présence et de discours donc notre travail est efficace. Nous répétons en boucle que tout va bien donc tout va bien. On peut moduler le discours en affirmant que tout ne va pas aussi mal que ce que veut bien nous faire croire une ultra minorité de râleurs aigris.
4/ Sur les critiques :
Contrairement à ce qui se dit dans les EPLE il est tout à fait possible de faire beaucoup mieux avec beaucoup moins, la preuve on l’a écrit. Le nombre d’élèves dans les établissements et dans les classes n’a aucune influence sur le climat scolaire, la preuve c’est notre priorité. Il est tout à fait possible de faire de l’accompagnement personnalisé en classe entière. Multiplier les réformes et les effets sémantiques est un très bon moyen de palier les quelques rares carences de notre système éducatif. PISA dit n’importe quoi et tous les chercheurs français ou étrangers qui disent le contraire sont des anti-progrès, anti moderne ou antisémites.
Donc, c’est que les profs, les CPE, les infirmières et les chefs d’établissements sont mauvais.
Donc Il faut les accompagner !
Donc on va créer une unité de « gestion des ressources humaines de proximité » : Jean-Michel Blanquer a créé en 2019 une « gestion des ressources humaines de proximité », afin qu’un agent puisse bénéficier d’un interlocuteur à moins de 20 minutes de son travail, et par là même humaniser une institution qui peut paraître froide et distante. "Je veux une institution beaucoup plus humaine vis-à-vis de ses personnels", dixit le ministre twitteur...# j’assume lol
François Galbrun