ÉDITO : AVANT, PENDANT… ET APRÈS.
Après, rien. Ah, si : un Grenelle, il y en a à toutes les sauces ces derniers temps. Celui de l’Éducation est doté, on le sait par voix ministérielle, de 400 millions d’euros pour 860 000 enseignants. 38 euros et des poussières par agent… De quoi rêver, non ? Gageons que nous resterons toujours dans le peloton de queue des pays de l’OCDE en ce qui concerne les traitements.
Au risque de paraître un soupçon ronchon, il est clair que la consolidation du service public d’éducation sera moins à l’ordre du jour que la mise en concurrence du service public avec le secteur privé.
La grosse partie de l’enveloppe ira aux entreprises, et qu’est ce qu’une école privée, si ce n’est une entreprise d’éducation. Alors avant, c’était la « vente » de l’outil formidable qu’est le LP au privé, c’était la destruction du Bacc. c’était les subventions à égalité entre public et privé, c’était l’absence de considération des personnels, c’était l’absence de revalorisation, c’était la loi qui en finissait avec les CAPA. Pendant, c’est l’absence de cadre clair, c’est au local, très local, voire dans la tête d’un chef d’établissement que ce cadre est donné, ce sont les aberrations qui remontent de très nombreux établissements, des CPE en train de nettoyer les tables au self, des AED qui mangent à 10h30, et des vertes et des pas mûres !
Pendant, c’est aussi ces manques d’infirmières inacceptables, d’AED non remplacés, de personnels plus absents et des familles qui accompagnent l’absentéisme de leurs enfants notamment en LP après qu’on leur a expliqué que ce n’était pas l’école mais l’instruction qui est obligatoire, en mai, puis l’école en fin août. Pendant, c’est le ministre qui nous dit que la rentrée s’est faite dans la joie ! Sic transit gloria mundi ! Nos nouveaux prêtres ne disent pas au nom de quoi ils prônent leur dogme. Ils nous mettent devant le fait accompli. Ils ne cherchent pas à anticiper la difficulté, à nous donner des moyens pour faire front. Parce que pendant, nous faisons front, nous appelons les familles, nous nous rajoutons ce suivi tellement particulier de l’anxiété de toute une société. Nous essayons dans un contexte si particulier de continuer de faire vivre la vie lycéenne, d’être au plus prés des plus démunis, non seulement matériellement mais aussi dans la tension nouvelle qui existe dans les établissements, dans le collège en particulier.
Les CPE prennent encore plus en charge l’incompréhension des familles, l’angoisse de tous, les refus de masque, et bien d’autres problèmes. Ils sont pris à parti par certaines directions, et sommés encore plus, d’être une courroie de transmission qui doit défendre envers et contre tous la ligne de l’établissement à défaut de clarté à un niveau supérieur.
Et après ? Après ce sont ces confusions nées du confinement, où l’on devient déloyal lorsqu’on émet la moindre critique, où le scepticisme vire au conspirationnisme d’emblée. Après n’est rien. Après ne sera rien sans la prise de conscience collective, et un retour au collectif impératif. Les vrais problèmes, bien concrets doivent être posés : le nouveau Bacc. au calendrier intenable, le suivi en lycée des élèves, parcours sup, les 20 mn de pause et les 35 heure, les respect de notre circulaire de missions, la fin des tâches imposés, le recrutement de CPE qui ne couvre même plus les départs à la retraite, les contractuels toujours plus maltraités, les 60 établissements très déficitaires en personnel d’éducation de l’académie.
Il nous faut appréhender rapidement les, pas si nouvelles, tentations d’une école « hybride », dans laquelle la convivialité n’est pas même celle des réseaux sociaux ; observer quelle est notre place dans le plan global, après ce confinement et la crise, dans la tentation du télétravail et du presque tout numérique.
Notre stage du 8 décembre 2020 tentera de proposer des suites pour demain : il s’agira de tirer un premier bilan des effets de la crise sanitaire sur le métier et de s’armer syndicalement contre les projets ministériels de dénaturation de celui-ci et la remise en cause des ORS.
Programme du stage - Inscription - Modèle de demande d’autorisation d’absence
Il nous faut reprendre en main nos carrières, notre outil de travail, faire valoir notre expertise et notre cœur de métier. Imposer – n’ayons peur pas des mots – le respect que l’on nous doit, que l’on doit au service public d’éducation, exiger les moyens qui donneront aux personnels et aux élèves l’élan pour demain !
Tonio VITORINO