Comment la situation du CIO de Talence ouvre la voie au démantèlement des CIO - Billet d’humeur
Il y a bien longtemps que les CIO ne sont plus le centre de l’information et de l’orientation … L’ont-ils déjà été ? Et est-ce bien leur rôle ?
Pourtant, ce centre, ce lieu est indispensable. C ’est à partir de lui que les PsyEN peuvent exercer pleinement leurs fonctions, marquer cette différence fondamentale, nécessaire à l’exercice du psychologue, en n’étant ni pris dans l’immédiateté des établissements, ni soumis aux exigences des chefs d’établissement…
Depuis longtemps, aussi, les CIO ainsi que les PsyEN font l’objet de nombreuses expériences de gestion à l’aune de la désorganisation et de la déstructuration des services face au nombre de postes non couverts qui explose, au morcellement des activités, à la multiplication des missions...
Donc ici, à la faveur d’une tempête, c’est tout un collectif de travail qui est mis à mal, expulsé et auquel on demande de supporter la responsabilité d’une administration qui n’assume plus ses prérogatives, et surtout de faire bonne figure pour que la photo de famille soit réussie au nom d’une certaine continuité qui ne rend plus service à personne.
C’est toute une équipe, des PsyEN, des stagiaires, une directrice, des personnels administratifs, qui se trouvent ainsi expulsés de leur centre pourtant constitutif de leur exercice professionnel. L’administration leur intime l’ordre de « s’adapter », de se « réorganiser » pour assurer les basses besognes - celles qui restent maintenant dévolues aux Service Public vu que les officines privées ne peuvent pas les marchandiser, faute de rentabilité, – et de goûter aux prochaines joies d’une réorganisation complète des services qu’appellent les toujours plus nombreux rapports en vogue chez nos élites et parfois même devancer par certains collègues DCIO zélés. Ils devront assumer leur responsabilité, comme complices de l’administration qui s ’emploie, en n’assumant pas ses obligations, à liquider les services.
Les personnels ont dû assumer la politique de désorganisation de l’administration les obligeant à jouer une espèce de survie, une forme de suradaptation dans laquelle les psy-en ne peuvent plus mettre en avant ce qui constitue leur professionnalité, leur plus-value, ce qui les distingue de tous les autres acteurs du grand marché de l’inforientation.
Cette casse du collectif de travail CIO, doublée des injonctions à se réorganiser fragilisent les PsyEN et fait repenser aux projets maintes fois évoqués d’affecter les PsyEN en établissement scolaire, les mettant à la merci d’une politique d’établissement, ou en service médico-social, sous la houlette d’un médecin scolaire.
S’agit-il d’une volonté implicite de faire porter aux PsyEN une autre organisation ? De casser un collectif de travail qui ne correspond plus à la nouvelle politique d’inforientation dans laquelle notre institution veut désormais nous inscrire ?
Comment répondre alors à ce qu’on ne peut même plus nommer « une crise » tant les collectifs de travail, les CIO, sont éprouvés, ici et ailleurs par la dégradation des conditions d’exercice !
Ne pas accepter de « s’adapter », ne pas se satisfaire de compromis, c’est prendre ses responsabilités en tant que fonctionnaire pour que le droit s’applique. C’est arrêter d’éponger, de faire le sparadrap, d’excuser !
Il faut faire honte ! Il faut affirmer notre différence et notre cadre déontologique, ne rien changer à nos habitudes. Si le CIO n’est plus en mesure de nous accueillir alors on se déplace (au Rectorat et le Rectorat devient notre CIO).
A force de résistance le collectif peut l’emporter pour faire valoir le droit des personnels à avoir des conditions de travail dignes de ce nom !
Armelle Ripoche et Emmeline Rogier pour les PsyEN SNES FSU