21 octobre 2024

Catégorie - Carrière - Mutation

CPE et Laïcité : nous ne sommes pas formateurices !

Nombre d’entre nous ont été surprises de recevoir une convocation pour une formation intitulée « Le CPE face aux enjeux de la laïcité ». Fidèles à notre devoir, nous nous sommes déplacées. Pour ma part, cette formation s’est tenue en Gironde, à plus d’une heure de mon établissement, en plein mercredi, mon jour de repos, et évidemment sans aucune indemnisation. Une journée que j’ai déjà récupérée, soyez-en certaines, 35h TTC.
Sur place, j’ai découvert une réalité encore plus choquante : on m’attribue une nouvelle fonction, celle de formateur des assistantes d’éducation. Quatre heures de formation suffiraient, semble-t-il, à faire de nous des volontaires et formateurices aguerries. L’engagement et le Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Formateurice Académique ? Oubliés, balayés. On nous impose cette fonction comme si de rien n’était. Le café amer de l’établissement je veux bien, mais là trop c’est trop !
La formation était pilotée par le Proviseur en charge des valeurs de la République, une IPR EVS et une « formatrice CPE ». Cette formation agissait comme un révélateur des problèmes de fond que pose son existence-même : le contenu et la forme, standardisés, sans pertinence, étaient en décalage avec les éventuelles attentes des présentes et laissaient percevoir une conception des CPE comme cheffes de service, ce que le SNES-FSU conteste. Ni notre décret, ni notre circulaire de missions ne mentionnent un tel statut. D’ailleurs, le concept de « service vie scolaire » n’a aucune existence juridique. Jean-Pierre Obin parlait déjà en 2007 d’une « notion élastique, floue, sans définition précise ».
Et là réside le véritable problème. Cette formation nous retire notre liberté fondamentale en tant que CPE, celle d’être concepteurices de notre activité. Nous nous retrouvons à suivre des instructions prédéfinies, sans marge de manoeuvre, sur un sujet aussi sensible que la laïcité. On nous force la main, nous plongeant dans un projet que nous n’avons ni demandé ni validé.
Face à cette situation inacceptable, le SNES-FSU, par l’intermédiaire du secteur CPE, a interpellé la rectrice. Et comme on pouvait s’y attendre, aucune réponse.
C’est pourquoi nous invitons nos collègues à refuser de dispenser cette formation sous la forme imposée. S’approprier les valeurs de la République ? Oui, si cela est nécessaire, mais dans des conditions appropriées : avec des AED volontaires, sur leur temps de travail, et dans des moments où les élèves ne sont pas présentes. Les valeurs de la République ne sont pas uniquement une problématique des CPE et des AED. Ce n’est pas à nous de porter seules ce fardeau, ni de répondre à des injonctions déconnectées de la réalité.