15 octobre 2021

Snes Landes

AESH : pourquoi se mobiliser le 19 octobre ? Témoignages

Des AESH nous ont écrit pour témoigner de leur quotidien et des raisons de leur mobilisation. Découvrez leurs témoignages.

Fabrice : « Je voudrais dire que j’ai choisi ce métier et que j’ai dû faire certaines années avec moins de 700 euros par mois mais cela ne m’a pas découragé. Par contre j’ai parfois l’impression d’être à la merci du bon vouloir des pilotes ou coordonnateurs du PIAL qui est une usine à gaz qui rajoute une couche au mille-feuille administratif. Il est difficile de se projeter quand les responsables du PIAL font des projections sans tenir compte de nos remarques, nous qui avons assisté aux ESS des élèves qui nous sont confiés.
De même la montée en charge du nombre d’enfants en situation de handicap n’a pas été anticipée et par conséquent les moyens mis en œuvre pour les accompagner sont sous-évalués tous les ans.  
Il est agréable de travailler dans un établissement où la majorité des professeurs et la direction nous soutiennent et reconnaissent notre travail. il reste malheureusement des réfractaires. »

M : « Actuellement je suis AESH co et j’accompagne 12 élèves du dispositif ULIS. J’interviens donc dans plusieurs classes dont 2 avec 5 élèves à aider depuis la rentrée. Je fais beaucoup d’observation pour définir les besoins de chacun afin de les retravailler individuellement quand on est dans le dispositif ULIS.
Je les accompagne pendant 27h30 pour un salaire net de 875€, ma situation familiale ne me permet pas d’avoir un autre travail (ayant moi même une fille en situation de handicap, je dois m’occuper d’elle quand je rentre) mais malgré tout ce travail me plaît énormément, je me sens vraiment utile et je ne voudrais en aucun cas faire autre chose.
Le soir, le week-end les élèves me sollicitent et je réponds toujours présente, je ne me vois pas les laisser tomber, ils ont vraiment un besoin de confiance, ce que l’on apporte, avec de la stabilité. Nous sommes leur référence et je pense qu’ils préfèrent nous appeler nous les AESH plutôt que les Profs. Il faut savoir que J’ADORE mon travail. »

Mireille : « Actuellement j’accompagne 3 élèves, 3 pathologies différentes, dans 3 classes différentes en lycée pour 25h semaine.
Plusieurs AESH pour les mêmes élèves : nous sommes 2 pour 6 élèves ! Ce qui me préoccupe ça sera lors du passage des examens....on ne pourra pas se partager ! Qui les accompagnera ? Des inconnus ? Ce qui risque de leur engendrer du stress supplémentaire....
Un de mes élèves a besoin d’énormément d’attention et de surveillance, c’est épuisant...
Personnellement, je passe pas mal de mes "pauses" déjeuner ou autres à échanger avec les profs ou les élèves, afin de trouver des solutions adaptées, ou même à déjeuner avec mes élèves car ils stressent trop.
Au vu de mes faibles revenus je cumule un contrat de 7h/semaine dans une petite société pour laquelle je fais de l’administratif.
Malgré toutes ces difficultés J’ADORE mon métier et suis très investie. Je trouve très gratifiant le fait de contribuer à l’intégration, à l’évolution et à la réussite des élèves. »

Séverine : « Mes conditions de travail, actuellement, sont très difficiles. J’ai un quota de 62 % avec 3 élèves à charge, mutualisés, dont 2 dans la même classe, dans un collège. Cette année j’ai eu une nouvelle direction. Au bout de 4 jours, elle a voulu m’envoyer en école primaire que j’ai refusé net ! c’était soit je restais au collège, soit je démissionnais. Je sais qu’on doit normalement "obéir" aux affectations données, mais j’avais prévenu de mon départ si on m’envoyait en primaire... Ayant des besoins puisqu’en manque d’aesh, elle a décidé de me garder mais sous conditions... J’ai été la cible d’une "évaluation surprise" pour voir si je convenais à ce poste, après 4 années passées dans ce collège avec une entente impeccable avec l’équipe pédadogique ! J’avais déja travaillé en primaire et je ne voulais surtout pas y retourner. Bref, je suis dans le collimateur. Elle m’a déjà laissé entendre qu’en juin, au moment de l’évaluation, elle nous affectera dans l’établissement où elle aura choisi de nous mettre, sans que l’on ait un mot à dire. Ce qui est dégueulasse, c’est que certains élèves sont suivis depuis le début de leur scolarisation et on ne tient pas compte de cela alors qu’un lien de confiance a été créé entre les élèves en difficultés et nous.  
C’est la première fois depuis 2015 que je songe à la démission, c’est également la première fois que j’ai 2 élèves dans la même classe, ce qui complique les choses lors des évaluations par exemple. On n’est pas 100 % avec l’élève mais partagé en 2, sans compter une forme de rivalités entre les 2.

L’aspect positif de mon travail, c’est surtout la reconnaissance des parents envers moi. Leur confiance est très importante et valorisante. Je n’ai pas un 2e métier, car ma fille est aussi en situation de handicap et qu’elle a des soins extérieurs 3x par semaine. Cela aussi m’a été reproché, car j’ai tenu compte de l’emploi du temps de ma fille pour faire le mien et que donc, je ne pensais qu’à moi avant de penser aux élèves que j’accompagne. Avec 23h30, je peux moduler l’emploi du temps comme je veux, mais surtout avec les besoins des élèves, et la demande des professeurs que j’ai toujours favorisée.

Je ferai partie des grévistes le 19 octobre, il est temps que les choses bougent pour nous.

Anita : « Lundi, 8h30, cours d’espagnol avec S. au lycée. Relation difficile avec cette ado autiste car je ne la vois que 2h30 par semaine, en cours de langue, première heure et dernières heures de la semaine. Sur les autres moments que je lui propose pour travailler, elle esquive. 9h30, je cours au collège, physique avec deux mal-entendants en 4è. Mince ! Je me suis trompée de salle... stress . Arrivée en retard en cours. Ambiance plus conviviale mais dur de "traduire" en simultané le cours en prenant des notes pour 2 élèves en même temps... 10h30, récré : collège ou lycée pour le café ? 11h30 me voici en maths avec mon 4è élève, atteint de dys, pour un cours de probabilité de panne de moteur d’avion au décollage....On ne le dira jamais assez, AESH, c’est la capacité d’adaptation qui compte. »